7 – une femme invite Jésus à changer de perspective



24 Parti de là, Jésus se rendit dans le territoire de Tyr. Il entra dans une maison et il ne voulait pas qu’on le sache, mais il ne put rester ignoré.

25 Tout de suite, une femme dont la fille avait un esprit impur entendit parler de lui et vint se jeter à ses pieds. 26 Cette femme était païenne [grecque], syro-phénicienne de naissance. Elle demandait à Jésus de chasser le démon hors de sa fille.

27 Jésus lui disait : « Laisse d’abord les enfants se rassasier, car ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. »

28 Elle lui répondit : « C’est vrai, Seigneur, mais les petits chiens, sous la table, mangent des miettes des enfants. »

29 Il lui dit : « À cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille . »

30 Elle retourna chez elle et trouva l’enfant étendue sur le lit : le démon l’avait quittée.

Marc 7,24-30 (Traduction œcuménique Bible)

- Chercher le contexte de ce récit

- Repérer les deux logiques différentes de Jésus (en fonction du temps) et de la femme (en fonction des lieux).

- À votre avis, comment la parole de la femme permet-elle à Jésus de changer de perspective ? Cela a-t-il à voir avec sa reprise de l’image des enfants et la logique qui en découle ?

Comme la maman de Mafalda, la femme que rencontre Jésus peut-être perçue de plusieurs manières différentes. Comment ces différents visages sont-ils évoqués dans le texte de l’évangile ? Jésus aussi a-t-il plusieurs visages ?



Uğur Gallenkuş est un artiste turc contemporain (né en 1990) vivant à Istanbul. Il crée avec ses collages une dissonance entre les diverses réalités du monde et tente de rendre compte par ses photomontages des multiples facettes de nos sociétés. Il dénonce ainsi les contrastes et les inégalités entre les différentes populations du globe.

Dans ce montage, il juxtapose un morceau d’une icône de la vierge avec une partie d’une photo d’une femme réfugiée royinga venue de Birmanie et chassée dans le pays voisin du Bengaldesh. Quel lien faites-vous entre ce montage et l’épisode évangélique que nous venons de lire ?


texte théologique

Pour les commentateurs chrétiens plus tardifs, ce texte pose un autre problème : est-il possible que Jésus ait pour ainsi dire changer d’avis quant à la dimension de sa mission et qu’il l’ait fait à cause d’une femme étrangère ? Lorsque la jeune foi chrétienne affirme la divinité de Jésus, cette scène devient difficile à interpréter. Si l’élargissement de l’annonce de la foi en Jésus aux païens est acquise, en revanche la foi en la divinité de Jésus rend son changement d’attitude assez incompréhensible. Jésus ne pouvait-il pas connaître d’emblée cette dimension de sa mission ? Est-il possible qu’une femme, qui plus est une étrangère, l’ait éclairé et en quelque sorte converti ?

Christine Pedotti, Jésus, l’homme qui préférait les femmes, Albin Michel, 2018, p. 82.

Comment répondez-vous personnellement à la question posée par Christine Pedotti à la fin de cet extrait ?


textes spirituels

Je reçois, je rassemble, je suis foule… Je les entends tous, mes frères humains prier en moi tandis que je prie. Je les entends tous, mes frères et sœurs chrétiens de toutes les Églises et communautés ecclésiales prier avec moi dans le Christ par l’Esprit. Je les entends tous, mes aînés juifs invoquant avec les paroles des Psaumes le Dieu qui n’a pas abandonné son peuple. Je les entends tous, mes amis musulmans « adorant avec nous le Dieu unique et miséricordieux ». Je les entends tous, ces contemplatifs hindous et ces moines bouddhistes dans leur méditation silencieuse. Je les entends tous, ces hommes et ces femmes en quête d’intériorité et de vie spirituelle, ne sachant pas qui et comment prier.

Abbé Paul Couturier, lettre aux Sœurs de Grandchamp (1941)


ce texte a été actualisé en 2015 :

Je reçois, je rassemble, je suis foule… Je les écoute tous, mes frères et sœurs humains tandis que je laisse en moi le Christ donner sa voix à ceux qui sont sans voix. Je les vois et les aime tous, mes frères et sœurs humains par-delà tous les murs de séparation et de haine. Je les entends tous, ces plus petits qui sont mes frères et mes sœurs crier famine sur toute la terre habitée. Je les aide tous, ces exclus de nos sociétés de consommation luttant pour leur survie avec dignité. Je les accueille tous, ces migrants et sans papiers errant sur toute la planète. Je les soutiens toutes, mes sœurs discriminées et maltraitées, résistant avec ténacité. Je les visite tous, ces malades, personnes âgées, isolées ou handicapées, perdant courage dans l’épreuve. Je suis avec tous mes frères et sœurs de tous les continents s’engageant pour la justice et la paix.

Je reçois, je rassemble, je suis foule…

Anne-Noëlle Clément


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